A la base de chaque vêtement : la matière qui constitue son tissu.
Les possibilités sont aussi vastes que la créativité de l’homme. On distingue
Les fibres artificielles,
fabriquées à partir de matière première naturelle
Les fibres synthétiques,
à base de dérivés de pétrole ou de matières recyclées
Omniprésentes jusque dans les années 1960, avant que les fibres chimiques n’inversent la tendance : celles-ci représentent près de 60 % des utilisations totales de fibres début 2000, contre 5 % dans les années 1960.
Plus écologiques que les fibres synthétiques (si elles sont biologiques, pour le coton), les fibres naturelles sont souvent aussi de meilleure qualité.
Guide des achats professionnels responsables, version approfondie
Le coton, c’est la fibre naturelle la plus utilisée dans nos vêtements (75 %). Et pourtant, dans le coton tout n’est pas bon. Selon le guide des achats professionnels responsables (voir lien ci-contre), alors qu’elle couvre moins de 3 % de la surface agricole mondiale, la culture du coton consomme de grandes quantités d’eau, mais surtout jusqu’à 25 % des pesticides et 10 % des engrais utilisés dans le monde…
Environ 820 kilos de coton par seconde, soit près de 26 millions de tonnes de coton par an.
80 % est cultivé dans l’hémisphère nord : Etats-Unis, Chine et Inde. Moins importante en chiffres absolus, la culture du coton est aussi une source de revenus importante en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
Bonne nouvelle: la culture biologique du coton permet de résoudre pas mal de problématiques environnementales, notamment grâce à la sélection de variétés qui permettent de diminuer les engrais, à la rotation des cultures et à la réduction d’intrants chimiques pour la préparation des fibres.
Bonne nouvelle (bis): même si la culture du coton bio est très faible à l’échelle mondiale, la demande augmente ! Souvent, mais pas toujours, la culture biologique est combinée avec le respect de normes sociales.
Coton FairTrade : www.maxhavelaar.ch
Enquête exclusive de BASTA ! sur la filière transgénique de la culture du coton au Burkina Faso
Statistiques sur Planetoscope
Emblématique de l’antiquité égyptienne, le lin est certainement la plus ancienne matière première textile. C’est une fibre à privilégier puisque, comme le chanvre, le lin a besoin de peu d’intrants !
Moins de 5 kg par seconde, soit 150 000 tonnes par an. C’est peu, environ 2 % des fibres naturelles.
En Europe ! Eh oui, le lin aime les climats tempérés et humides. Les 110 000 hectares qui lui sont dévolus en Europe (surtout en France, mais aussi en Belgique et aux Pays-Bas) représentent deux tiers de la production totale.
Longtemps oublié, le chanvre est aujourd’hui reconnu pour ses qualités naturelles inestimables : thermorégulateur, antibactérien, antifongique, il repousse les nuisibles. Plante très résistante, sa culture n’a besoin ni de pesticides, ni de fongicides et encore moins d’herbicides !
Pourtant, le textile en pur chanvre est toujours plus cher à produire que des textiles comme le coton ou les fibres synthétiques, d’où sa présence marginale dans les rayons des magasins.
Environ 2,85 kilos par seconde, soit une production de 90 000 tonnes par an. C’est peu… mais on a bon espoir que ça évolue !
Près de la moitié de la production mondiale de chanvre industriel provient de la Chine. On trouve également des cultures en France, en République démocratique de Corée et en Espagne.
Douceur, chaleur… On aime toutes les laines : celle de mohair (chèvre angora), la laine mérinos (du mouton du même nom), la laine d’alpaga, de lama, de yack ou de chameau, la laine angora (lapin) et le cachemire (chèvre).
On reste quand même sur nos gardes: les insecticides sont encore souvent utilisés dans les élevages de moutons.
Environ 67 kilos de laine par seconde, soit 2,1 millions de tonnes par an.
Principalement d’Australie, mais aussi de Chine, Nouvelle-Zélande, Iran, Argentine et du Royaume-Uni.
Ah et, au fait, en Suisse aussi on fait de la laine !
Ah la bonne nouvelle ! Euh oui plus ou moins…
Parce que même si elle nous a vêtus pendant des millénaires, on l’a vachement délaissée, la laine. A cause des fibres synthétiques !
Mais la laine suisse mérite toute notre attention. Beeee oui, c’est quasiment notre unique matière première locale ! Pourtant, seule une partie des quelque 550 tonnes de laine produites chaque année (grâce aux 230’000 moutons[1] qu’on recense en Suisse) est valorisée. Après la fermeture de la centrale suisse de la laine indigène, dans le canton de Berne, en 2010, de petits points de collecte et de traitement se sont créés. Mais une grande quantité de la laine tondue est aujourd’hui simplement laissée sur place, voire carrément brûlée. C’est que le prix d’achat de la laine est si bas qu’il ne couvre même pas le coût de la tonte… Las, certains préfèrent investir leur temps et leur énergie uniquement pour la production de viande.
Bonne nouvelle (bis) : certains s’engagent en Suisse, à l’exemple de l’association Laines d’ici, à Cernier dans le canton de Neuchâtel, qui s’active pour la filière indigène en collaboration avec des éleveurs de l’arc jurassien. Fin 2017, Laines d’ici inaugurait sa filature : un atelier dans lequel une tonne de laine brute pourra être transformée en pelotes ou en vêtements.
Les tricoteuses et tricoteurs qui souhaitent travailler de la laine locale peuvent aussi s’adresser directement aux éleveurs. Certains restent passionnés par les possibilités offertes par le fil de laine, à l’exemple de la ferme pédagogique Spycher-Handwerk à Huttwill/BE ou le Mohair du Jorat à Ropraz/VD.
[1] Moutons de plus de 1 an. Statistiques et évaluations concernant l’agriculture et l’alimentation, agristat 2016
Pour des questions de coûts, les fibres chimiques ont pris le pas sur les matières naturelles qui composaient nos vêtements jusque dans les années 1960. Aujourd’hui, on trouve du polyester et du nylon dans la majorité de nos vêtements. Tour d’horizon.
Celles-ci, on va essayer de les éviter !
Produites à partir de dérivés du pétrole, les fibres synthétiques ont l’avantage (il leur en faut quand même !) de sécher très vite, d’être peu froissables, souvent douces et légères. Ces propriétés, certes pratiques au quotidien, sont le fruit des additifs chimiques ajoutés lors du processus de fabrication. Eh oui, être infroissable ou résistant aux taches n’est pas naturel pour une étoffe.
Alors, évidemment, les fibres synthétiques ne sont respectueuses ni de l’homme ni de la planète : pas biodégradables, bourrées d’additifs et autres colorants nocifs pour la santé, l’eau, l’air, les sols. En plus, la filière de recyclage est encore peu développée. À l’utilisation non plus, le synthétique n’est pas idéal : l’électricité statique, ça vous dit quelque chose ? Beurk, pas naturel !
Le polyester est la fibre synthétique la plus répandue. Il est créé à partir d’huile et de pétrole, tout comme le plastique. En plus, la phase d’ennoblissement du tissu consomme beaucoup d’eau, d’énergie et tout un cocktail de produits chimiques.
En plus d’avoir révolutionné le monde de Madame en lui offrant des bas de plus en plus résistants, le nylon se trouve aussi dans nos maillots de bain ou nos vêtements de sport.
C’est le polyamide (PA), un thermoplastique, qui compose le nylon.
Souvent utilisée comme substitut à la laine, la fibre acrylique est douce, chaude et lavable en machine. On en oublierait presque ses racines : pétrole, procédés industriels lourds et toxiques.
Dérivé du polyuréthane, l’élasthanne est aussi connu sous le nom de Lycra. Combiné avec une ou plusieurs fibres, naturelles ou chimiques, il apporte de l’élasticité au vêtement. On en trouve donc presque partout !
Ces matières font partie des thermoplastiques, une substance qui se ramollit suffisamment sous l’effet de la chaleur pour être modelée.
Ce sont les vêtements faits de PVC (polychlorure de vinyle), de PE (polyéthylène) ou de PET (polyéthylène téréphtalate) recyclé qu’il faudrait préférer, même si le processus de recyclage n’est ni infini ni sans conséquences sur l’environnement.
Des fibres artificielles, on se méfie !
Même si elles sont produites à partir de ressources naturelles (cellulose de bois), leur transformation se fait par des procédés chimiques, souvent nocifs pour l’environnement, grands consommateurs d’eau et d’énergie. Autre inconvénient : le bois n’est pas toujours traçable et sa préservation n’est donc pas garantie.
Heureusement, les avancées technologiques permettent de développer de nouvelles techniques, à l’exemple du NMMO (N-Methylmorpholine-N-Oxide), un solvant moins toxique et mieux recyclable.
Aussi appelée « soie artificielle », la viscose est le fruit de la rencontre entre la cellulose (hêtre ou épicéa principalement) et la soude caustique. Cette conception n’est pas anodine puisque la soude caustique, extrêmement corrosive, est un vrai danger : sa présence dans les eaux usées en modifie le pH et pollue les nappes phréatiques.
Avec sa texture relativement proche de celle du coton et de la soie, le modal – fabriqué à base de hêtre – a un bel avenir. Si le solvant utilisé dans son processus de fabrication est moins toxique (comme le NMMO) et que la cellulose est issue de bois de forêts gérées de manière durable, on peut préférer le modal aux fibres synthétiques ou au coton, dont la production – même pour le bio – nécessite beaucoup d’eau.
Cette fibre-là est faite d’eucalyptus. Comme pour le modal, pour autant que l’eucalyptus ne provienne pas de monocultures néfastes notamment pour la biodiversité et que la dissolution du bois se fasse au moyen d’un solvant peu toxique, cette fibre est une bonne alternative aux fibres synthétiques.
Bien. Avec une vision des principales fibres qui composent les tissus de nos vêtements, on pensait s’en sortir plus ou moins pour la prochaine virée shopping. Pas tout à fait, il faut encore s’intéresser au traitement qu’a subi la fibre (teinture, ennoblissement). On vous prévient, ça peut piquer les yeux…
Quand on y pense ça semble logique : les fibres n’ont pas été récoltées imperméables, infroissables, non-rétrécissantes au lavage, brillantes et n’étaient bien sûr pas colorées en bleu, orange ou rose. Ces propriétés sont apportées au tissu par des procédés chimiques, bien souvent nocifs pour la santé humaine et pour la planète, jusqu’à l’évacuation de nos eaux usées.
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des vêtements moins « chargés » en substances chimiques. Un bon indicateur est donné grâce aux labels – s’ils sont indépendants évidemment :
Certains vêtements sont rendus déperlants ou imperméables grâce à des produits chimiques artificiels contenant du fluor, potentiellement toxiques et polluants. Ça, c’est principalement l’ONG Greenpeace qui l’a mis en lumière avec sa campagne DETOX Outdoor, lorsqu’elle est partie à la recherche de ces substances per- et polyfluorées (PFC) dans la nature.
Liens en lien
Vous aimez les t-shirts aux motifs bien kitsch et les impressions sérigraphiées ? Ils pourraient contenir du PVC (encre plastisol), rendu souple par des phtalates, eux-mêmes perturbateurs endocriniens. La teinture peut aussi laisser des résidus de métaux lourds, de solvants, de nonylphénols éthoxylés et de nombreuses autres substances imprononçables.
Le coton et la viscose subissent souvent des traitements ignifuges qui font appel à de très nombreuses substances chimiques. Le trioxyde d’antimoine, cancérigène, peut aussi être présent dans les textiles synthétiques traités anti-feu.
Bien pratiques, les vêtements qui ne se froissent pas. Oui, sauf qu’ils contiennent souvent du formaldéhyde, irritant pour les voies respiratoires et allergène. Les textiles traités antibactériens peuvent cacher des particules d’argent ou d’autres biocides. Les vêtements anti-taches, quant à eux, résistent aux odeurs ou à la saleté, mais lors du lavage, ils libèrent des substances polluantes dans les eaux usées.
Vous avez déjà vu la beauté de ces rivières qui changent de couleur chaque jour, aux abords d’usine chimique ? Mélange de métaux lourds, allergisants, produits cancérigènes…
On trouve ça déroutant et on préfère donc les couleurs naturelles et les teintures végétales, même si elles sont encore peu présentes. Pour proposer tout de même de la couleur, certaines marques ont recours à des teintures chimiques qui respectent la norme Oekotex. C’est pas le rêve, mais c’est déjà ça.
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