L’industrie textile figure parmi les plus polluantes au monde. Ses impacts font des ravages à différents niveaux. En voilà une information bien dérangeante. Parce que, on ne peut plus se mentir, on porte une responsabilité.
Pour comprendre ce que cachent les dessous de l’industrie textile, FAIR’ACT s’appuie sur le travail de fond mené par les organismes dont c’est la mission.
Restons toutefois conscients que tout le cycle de vie du vêtement doit être pris en considération : la fabrication bien sûr, mais aussi la distribution, l’utilisation et la fin de vie. Peu importe que notre vêtement porte ou non des labels, qu’il soit en coton bio ou en polyester. Nous l’avons choisi, nous l’avons acheté et il nous incombe maintenant d’en prendre soin et de le garder longtemps !
L’eau, une ressource vitale qui manque à tant d’êtres humains. Pour le Water Footprint Network, l’utilisation durable de l’eau douce est le fondement d’une vie et d’une planète saines. Les spécialistes, au travers d’une approche scientifique, calculent l’empreinte hydrique d’un individu, mais aussi de biens et de services et apporte des réponses pratiques pour changer notre manière de consommer l’eau.
Par exemple, l’empreinte hydrique moyenne de la fabrication de coton est de 10 000 litres par kilo. En d’autres termes :
Le fléau des microplastiques est aujourd’hui reconnu. En Suisse, nous jouons un rôle : Pro Natura revenait en 2020 sur une étude du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) prouvant que trois tonnes de fibres de polyester provenant de vêtements synthétiques étaient rejetées chaque année dans nos eaux.
L’info pas fun : la disparition de la mer d’Aral
Cette triste histoire est considérée comme l’une des plus grandes catastrophes écologiques. La mer d’Aral, située entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, est en réalité un lac. Le 4e plus grand lac au monde, jusque dans les années 60.
A cette époque, les Soviétiques se sont mis à transformer les steppes désertiques en champs de blé et de coton. Pour irriguer les cultures, ils ont détourné une partie des fleuves. Menant à la quasi disparition de la mer d’Aral, entraînant celle des poissons dans son sillage, une forte salinisation de l’eau, la pollution des eaux de surface et des eaux souterraines par les pesticides et les engrais utilisés pour la culture du coton.
Au Kazakhstan toutefois, le lac commence à être protégé. Un projet de restauration financé par la Banque Mondiale a permis à son niveau de monter de six mètres depuis 2005. Le taux de salinité de la partie nord de la mer d’Aral a aussi baissé, ce qui permet à la vie aquatique de reprendre peu à peu.
En août 2000 (à gauche), la mer d’Aral est déjà réduite à une fraction de ce qu’elle était en 1960 (bordure noire). Suite au drainage pour l’irrigation des cultures de coton en Ouzbékistan, la partie sud du lac a presque disparu en août 2014 (à droite).
Paysage invisible, le sol est le support de la vie terrestre.
Pourtant, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) nous apprend que la moitié des sols est dégradée. En cause, les activités humaines : agriculture intensive, utilisation d’intrants chimiques souvent non dégradables, mise en décharge de déchets, rejets de polluants, voies de communication (routes et parking), déforestation. Sans oublier le compactage par les machines qui a de lourdes conséquences sur le sol.
La biodiversité, c’est la diversité des écosystèmes, la diversité génétique et celle des espèces.
Agriculture intensive, monoculture, utilisation de semences génétiquement modifiées et déforestation sont des causes importantes de sa diminution.
Avec la nature, il est toujours faux de penser rendements à court terme.
L’info fun : quand le Burkina Faso se passe du coton de Monsanto et que ça marche !
OGM : le Burkina Faso va se passer du coton de Monsanto
franceinfo, 25 octobre 2016
Quand on se représente une forêt, on se représente une vaste étendue d’arbres de différentes espèces, un terrain de jeu pour tout un tas d’animaux. Un lieu paisible et plein de vie.
Et c’est le cas si l’homme ne s’immisce pas trop dans cette harmonie. Parce que la production de fibres artificielles – issues de cellulose de différentes essences telles que hêtre, épicéa, eucalyptus et bambou – peut peut mener certain-e-s, guidé-e-s par l’appât du gain, à pousser la culture de certaines essences allant jusqu’à la monoculture ou, au contraire, à exploiter la forêt sans pour autant replanter les arbres. Ce qui peut mener une essence à sa perte, mais aussi tout l’écosystème qui vivait grâce à elle.
Il est aujourd’hui également avéré que les arbres agissent comme un puits de carbone naturel. La déforestation libère par conséquent des quantités astronomiques de CO2 dans l’atmosphère, ce qui aggrave le dérèglement climatique.
L’info pas fun : quand on se fait embobiner
Certaines marques mettent en avant les fibres dites « naturelles », « végétales » ou encore « écologiques », comme la fibre de bambou. Pour fabriquer une telle fibre, on utilise le procédé viscose : elle est donc considérée comme une fibre artificielle et comme une fibre naturelle.
Restons vigilant-e-s : la « culture » de bambou est peu gourmande en eau et en intrants chimiques. C’est bien ! Mais n’en abusons pas pour de pas courir le risque de déforestation alors que de nombreux animaux – le plus célèbre étant le panda géant – dépendent de lui. Le bambou est par ailleurs une plante invasive : si on le cultive dans des régions où il n’a rien à faire, sa culture peut nuire à la biodiversité indigène.
Voir l’émission « Du bambou partout : une mode pas si verte », A bon entendeur, RTS, 31 août 2010 :
Les gaz à effet de serre agissent comme les parois d’une serre : ils permettent à l’énergie solaire d’entrer dans l’atmosphère mais l’empêchent de s’en échapper. Ils sont naturellement présents dans l’atmosphère et tout allait bien jusqu’au moment où les activités humaines se sont intensifiées. L’être humain est alors devenu méga producteur de gaz à effet de serre, en particulier du fameux dioxyde de carbone (CO2), mais aussi de méthane (CH4), de protoxyde d’azote (N2O) et de gaz fluorés.
On parle surtout du CO2 parce que c’est celui qu’on génère le plus, nous autres les humains, en brûlant charbon, gaz et pétrole pour le transport et l’industrie. Comme les arbres sont des puits de carbone, notre entêtement à la déforestation empire la situation. En rasant la forêt, on libère dans l’atmosphère le CO2 jusque-là stocké dans les arbres.
Les effets du réchauffement climatique sont connus : les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus courants. Les calottes glaciaires polaires fondent, le niveau des océans s’élève, les précipitations sont de plus en plus fréquentes dans certaines régions alors que dans d’autres les vagues de chaleur et les sécheresses se font plus longues et plus violentes. L’équilibre est rompu. Les espèces animales et végétales ont du mal à s’adapter. L’espèce humaine aussi, accessoirement.
La mode est en partie responsable du dérèglement climatique. Comme le rapporte le 3e Bilan mondial de l’action climat par secteur (Climate Chance, 2020), la production et l’utilisation des vêtements émettent environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Boum ! Cette déclaration fait mal. « Cela s’explique avant tout par l’intensité carbone des fibres synthétiques (environ 60 % des fibres produites – en grande majorité du polyester) qui est bien plus élevée que celle du coton : 11,9 contre 4,7 kgCO2e/kg (Ellen MacArthur Foundation, 2017). En effet, leur production repose sur la transformation de 48 millions de tonnes de pétrole par an et représente ainsi près de la moitié des émissions calculées par le rapport de la Ellen MacArthur Foundation (530 MtCO2e en 2015, soit 44 % des émissions) ». Les nombreuses autres étapes de fabrication (production de la matière première, transformation des fibres en fil, confection), la distribution ainsi que notre manière de consommer la mode (rythme d’achat, utilisation/entretien des vêtements, fin de vie) sont autant d’autres postes émetteurs de gaz à effet de serre.
L’info pas fun : des rapports rares et complexes
Ces dernières années, seule une poignée d’études sont sorties sur les émissions ou plus globalement l’impact écologique des vêtements. L’autre hic, c’est que le périmètre de ces études n’est pas toujours le même. Parfois, les estimations se basent sur l’ensemble de l’industrie des vêtements et chaussures et, d’autres fois, sur l’industrie textile (sous-entendu vêtements, linge de maison, textile industriel), avec ou sans les chaussures. Les méthodologies diffèrent, certains rapports iraient même jusqu’à se contredire.
L’industrie textile, c’est manifestement compliqué à analyser. Alors qu’un tel rapport annonce que le secteur de l’habillement et des textiles émet 1,7 milliard de tonnes de CO2 par année, un autre évoque l’émission de 3,99 GtCO2e pour l’ensemble du cycle de vie des vêtements et chaussures en 2016 et un troisième estime à 2,1 GtCO2e (les fameux environ 4 % d’émissions de gaz à effet de serre mondiales) les émissions totales pour l’ensemble du cycle de vie des vêtements et chaussures en 2018. Même si tout ça nous donne du fil à retordre, on retient un fait indéniablement établi : les vêtements contribuent au dérèglement climatique. Et pas qu’un peu.
L’info pas fun (bis) : tonne, mégatonne, gigatonne
Autre point d’accroche : pas facile de comprendre les unités de mesure ni de se représenter un kilo ou une tonne de CO2.
Les unités de mesure : 1 tonne, c’est 1’000 kg. 1 mégatonne (Mt), c’est 1 million de tonnes. 1 gigatonne (Gt), c’est un milliard de tonnes.
Selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), en Suisse les émissions étaient de 14 tonnes d’équivalents-CO2 (14 teCO2) par habitant en 2015. On choisit ici évidemment le chiffre qui intègre les émissions produites à l’étranger pour les biens qu’on importe. Ce serait trop facile sinon. On trouve plein de calculateurs d’empreinte carbone ou écologique, à l’image du calculateur écologique du WWF.
Quand on parle de pays producteurs de déchets, la Suisse est en tête de classement. Étonnant vu la taille de notre pays, mais compréhensible quand on pense à notre pouvoir d’achat qui nous permet de consommer et consommer encore.
En matière de déchets textiles, on connaît deux filières : les bennes de collecte de vêtements pour les bonnes œuvres et les usines d’incinération.
Les bennes de collecte semblent être la solution. On fait don des vêtements dont on n’a plus l’utilité à des personnes qui en ont besoin.
Quant à l’incinération, même si certain-e-s la qualifie fièrement de « valorisation thermique », on peut se demander si ça fait vraiment sens de cramer des vêtements. En plus, aucune étude n’existe à ce jour sur l’impact des nanoparticules de métaux lourds (qui proviennent par exemple des teintures) qui sortent des fours des usines d’incinération. On n’est pas vraiment rassurés.
L’info pas fun : le marché des déchets est… un marché!
Les déchets textiles représentent un marché plutôt lucratif. Certaines entreprises actives dans « la collecte, le tri et la valorisation de textiles usagers » font de confortables profits en revendant les vêtements dont nous avons fait don. Un faible pourcentage des vêtements collectés en Suisse est trié, traité et donc générateur d’emploi sur place. Le reste est vendu sur le marché international, dans des pays où les réglementations environnementales sont souvent faibles ou inexistantes, et où nos vêtements peuvent se retrouver dans des décharges à ciel ouvert. Ce n’était sans aucun doute pas la volonté de celui ou celle qui a déposé ses vêtements dans une benne de collecte. Notre conseil : parler de ces préoccupations aux magasins de seconde main et organismes caritatifs. Beaucoup acceptent des dons de vêtements directement en magasin.
L’info fun : le upcyling c’est tendance !
Transformer une vieille chemise d’homme en bavette ou des chaussettes en laine trouées en gants pour enfants, en voici une belle fin de vie pour nos vêtements ! En plus, il paraît que la créativité a de nombreuses vertus… Découvrez nos quelques idées de upycling.
L’empreinte écologique d’un vêtement ne dépend pas seulement de la matière première utilisée et de son procédé de fabrication. La question du transport a son importance, car plus le vêtement voyage, plus sa consommation d’énergie est grande. Plus de 90 % des produits consommés proviennent de l’étranger, et c’est évidemment valable pour les vêtements. D’un point de vue environnemental, il vaut donc mieux acheter des articles fabriqués près de chez nous.
Pas facile, mais pas impossible ! La France est le plus grand producteur européen de lin. On trouve en Europe un peu de chanvre. Et n’oublions pas la laine ! De plus en plus de créateurs sont sensibles à cette question et y apportent une solution à leur niveau, en travaillant par exemple avec des matières recyclées.
L’info pas fun : quand nos vêtements parcourent des dizaines de milliers de kilomètres.
Les éléments qui constituent les biens de consommation courante peuvent faire un long voyage… Découvrons l’un des itinéraires les plus longs que peut parcourir un jean avant d’arriver dans nos commerces.
L’avenir est sans toxiques. Ça parait évident.
Eh bien non ! Des échantillons d’eau prélevés à grande échelle en ont fourni la preuve : l’industrie textile mondiale pollue des rivières en Chine – avec des effets désastreux sur l’environnement et les habitant·e·s.
Chlore, ammoniaque, acide sulfurique, métaux lourds, formaldéhyde, solvants organiques et aromatiques sont utilisés quotidiennement dans les usines textiles. La teinture est une étape délicate : si les colorants contenants des métaux lourds sont interdits en Europe, ce n’est pas le cas de tous les pays du monde. Toutes ces substances sont dévastatrices puisqu’elles contaminent l’air, le sol et les eaux. Avec de forts (voire avérés) risques pour la population.
L’info fun : la campagne participative DETOX Outdoor de Greenpeace fait plier les marques
Avec cette campagne, Greenpeace a placé les PFC (perfluorocarbures et polyfluorocarbures) sur le devant de la scène. Produits chimiques artificiels contenant du fluor, ils sont utilisés pour les propriétés anti-salissantes et hydrofuges particulières qu’ils confèrent aux matériaux. Incroyablement résistants à la dégradation, certains PFC persistent durant des centaines d’années après leur rejet dans l’environnement. On les retrouve dans des endroits inattendus, tout autour de la planète.
Suite à la pression exercée par Greenpeace, certaines marques se sont engagées à éliminer toute substance toxique des processus de fabrication d’ici à 2020. La route est longue, le trajet sera plus sympa si on est plusieurs !
© Greenpeace/Lee
Pour accompagner le lancement de son rapport « Threads toxics », Greenpeace a publié en 2012 une série de photos afin de mettre en contraste la vérité toxique qui se cache derrière le chic et le glamour de l’industrie de la mode. www.detox-outdoor.org